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L'allergie alimentaire Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
ImageLes allergies alimentaires sont de plus en plus fréquentes chez l’enfant et de plus en plus préoccupantes. La prévalence, considérablement augmentée depuis une quinzaine d’années, est estimée à environ 10 % pendant les quatre premières années de vie.

Dr D. de BOISSIEU - Consultation d’Allergie alimentaire - Centre d’Exploration Digestive de l’Enfant - 92100 BOULOGNE
(Journée de Cochin - Novembre 2000)

Le développement d’une allergie alimentaire est pluri-factoriel et fait intervenir des facteurs génétiques et environnementaux. Les manifestations sont généralement précoces, la sensibilisation pouvant apparaître in utero ou, plus fréquemment, dans les premiers mois de vie. Les premiers allergènes alimentaires rencontrés chez l’enfant, en l’absence d’allaitement maternel, sont les protéines du lait de vache qui sont administrées à l’enfant dès le premier jour de vie. Ainsi, l’allergie aux protéines du lait de vache (PLV) est probablement l’allergie alimentaire la mieux connue et la plus fréquente chez le petit nourrisson.

I- Clinique de l’allergie alimentaire chez l’enfant

Les manifestations cliniques de l’allergie alimentaire sont extrêmement variées chez l’enfant. Les manifestations digestives ou cutanées prédominent chez le nourrisson, alors que les manifestations d’anaphylaxie prédominent chez l’enfant plus âgé.
1. Les manifestations d’anaphylaxie : œdème de Quincke et choc anaphylactique. Elles surviennent dans les minutes qui suivent l’ingestion de l’aliment et mettent en jeu le pronostic vital.
2. Les manifestations digestives sont les plus fréquentes chez le nourrisson, mais sont non spécifiques.
  • Les vomissements ou reflux gastro-oesophagien dit « sévère » car les rejets, voire une oesophagite, persistent malgré un traitement médical bien conduit.
  • Une diarrhée chronique, qu’elle s’accompagne ou non d’une cassure de la courbe pondérale ou de rejets et vomissements,
  • Les coliques du nourrisson, ou douleurs abdominales chez le plus grand,
  • Les rectorragies, plus spécialement dans les premières semaines de la vie.
  • Le refus de manger s’associe souvent à d’autres manifestations digestives.
  • La constipation opiniâtre.
3. Les manifestations cutanées
  • L’eczéma, ou dermatite atopique, est la première expression de la maladie atopique. Chez ’enfant. 30 à 40 % des enfants ayant de l’eczéma ont une allergie alimentaire. Il semble que plus l’eczéma est sévère et débute tôt dans la vie, plus l’allergie alimentaire joue un rôle important. Il s’agit souvent d’une poly-allergie alimentaire et l’éviction de tous les aliments responsables est alors nécessaire pour obtenir une amélioration notable de l’état cutané. Les allergènes les plus fréquents sont les œufs, le lait et l’arachide.
  • L’urticaire est une manifestation de type immédiat et peut s’associer à un œdème de Quincke, à des vomissements.
4. Les manifestations respiratoires
Elles sont plus rares et surviennent surtout chez l’enfant plus grand. Il peut s’agir d’une rhinite, d’une toux chronique ou d’une véritable crise d’asthme. Un bilan allergologique minutieux doit être fait pour mettre en évidence ces allergies.
5. Autres manifestations cliniques
Les symptômes neurologiques : troubles du comportement à type d’irritabilité, d’insomnie, migraines et une instabilité psychomotrice ont également été rapportées.
Des malaises ont également été rapportés chez le nourrisson, à type d’hypotonie avec pâleur, survenant après les repas.

 
II- Diagnostic de l’allergie alimentaire chez l’enfant

  1. Les tests cutanés par la technique des prick-tests peuvent être fait dès les premiers jours de vie. Leur sensibilité est de 48 % et leur spécificité de 86 %. Il s’agit d’un examen de dépistage mais la négativité de ces tests n’élimine en aucun cas le diagnostic de l’allergie alimentaire.
  2. Les patchs tests sont de plus en plus utilisés. Ils consistent à mettre en contact l’allergène et la peau durant 48 heures. Les patchs donneraient des réponses 3 fois plus sensibles que les pricks-tests dans les formes retardées de l’allergie. En pratique, l’association des pricks et des patchs améliore la sensibilité de ces tests.
  3. Le dosage des IgE totales et spécifiques n’étudie que les allergies de type IgE dépendantes. Leur normalité n’élimine donc pas une allergie alimentaire. Par contre, leur positivité peut être très utile, voire faire un diagnostic de quasi certitude de l’allergie. En effet, Sampson et Coll ont pu déterminer pour les principaux allergènes alimentaires une valeur prédictive positive de 95 %, soit une valeur au-delà de laquelle l’enfant a 95 % de risques de faire une réaction dans les 2 heures suivant l’ingestion de l’aliment. Ces valeurs sont de 6 KUI/L pour l’œuf, 32 KUI/L pour le lait de vache, 15 KUI/L pour l’arachide et 20 KUI/L pour le poisson par la technique de dosage CAP system. Pour ces aliments, si le taux des IgE de l’enfant est supérieur aux valeurs précitées, le diagnostic est quasiment assuré.
  4. Le diagnostic de certitude sera apporté par les épreuves d’éviction-réintroduction. En effet, devant les manifestations non spécifiques de l’allergie alimentaire, les examens peuvent évoquer le diagnostic mais la certitude sera apportée par la disparition des symptômes lors du régime d’exclusion et la réapparition de ceux-ci lors de la réintroduction de l’aliment incriminé. Ces épreuves de réintroduction doivent être faites dans des conditions de surveillance médicale afin d’éviter tout accident allergique et ne sont bien sûr pas utiles lors de manifestations sévères d’anaphylaxie.

III- Conclusion

Les manifestations cliniques de l’allergie alimentaire sont très variées. La première étape du diagnostic est de l’évoquer devant des manifestations digestives non spécifiques. Les examens complémentaires sont une aide au diagnostic mais leur négativité ne l’élimine généralement pas. Au moindre doute, un régime d’exclusion suivi d’une réintroduction de l’aliment suspect permettra de faire le diagnostic de l’allergie alimentaire.

 
 
 
 
 
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